« Fonder un monde à la dérive »
« Il y a une profondeur qui est tapie dans la nuit du théâtre de Tanguy et du Radeau, c’est une profondeur enthousiaste et légère. La profondeur de la beauté nécessaire, face à l’éternelle grimace de l’histoire » Jean-Paul Manganaro - François Tanguy et le Théâtre du Radeau, éditions P.O.L
L’accueil d’Item, pénultième création de François Tanguy pour le Théâtre du Radeau, est rendu possible par la mutualisation des forces et moyens de 5 structures de la métropole lyonnaise : Les Célestins, Théâtre de Lyon ; le Théâtre Nouvelle Génération – CDN de Lyon ; Les Nuits de Fourvière, la Compagnie Maguy Marin et RAMDAM, UN CENTRE D’ART. Un événement d’autant plus précieux que le travail du Radeau n’a pas été présenté dans la région depuis presque vingt ans.
Les compagnons de François Tanguy, disparu en décembre 2022, portent le désir de continuer à faire vivre son œuvre.
Autour des représentations s’imaginent avec la complicité des acteur·ice·s et grâce à l’élan de nos présences conjointes, des temps d’effervescence à partager : rencontres, projections et expositions qui viendront enrichir l’événement, offrant aux spectateur·ice·s l’opportunité de faire connaissance ou de retrouver ce travail si singulier, où l’art théâtral se pense sans détours, sans concession, et se déploie avec force radicalité, humour, générosité, poésie.
6 mai > 15 juin 2025 → Exposition « Fonder un monde à la dérive » – Entretien filmé
Théâtre Nouvelle Génération – CDN de Lyon
Dans Fonder un monde à la dérive, François Tanguy évoque avec Romain Fohr la vie commune du Radeau, ses méthodes de création, sa recherche de la « vivacité », son « postulat éthique » et ses efforts pour continuer à créer des œuvres théâtrales originales sans tomber dans des schémas préétablis de quelque nature que ce soit. La discussion porte sur toutes les grandes productions du Théâtre du Radeau.
L’œuvre du Théâtre du Radeau, fondé au Mans en 1977, est une des plus cohérentes et importantes de la scène théâtrale de ces dernières décennies. François Tanguy en devient le metteur en scène en 1982.
Romain Fohr Maître de conférences à l’Institut d’Études Théâtrales (Sorbonne nouvelle), il dirige le Laboratoire International de Recherche sur les Images et la Scénographie (LIRIS) au sein de l’IRET. Également écrivain, pédagogue et interprète, il travaille en France ainsi qu’à l’étranger. Spécialiste de la scénographie, il a publié de nombreux articles, entretiens et ouvrages (Du décor à la scénographie, La scène circulaire aujourd’hui, Scénographie, 40 ans de création).
Tout au long du mois de mai, et jusqu’à la mi-juin dans le hall du TNG-Vaise, cet entretien sera diffusé, accompagné d’un montage de photographies du Théâtre du Radeau par Didier Grappe.
TNG-Vaise, 23 rue de Bourgogne, Lyon 9
Mardi, jeudi, vendredi – 13h > 16h30
Mercredi – 13h > 18h30
entrée libre sans réservation · durée 1h15
26 mai à 18h30 → Conversation « geste du Radeau » avec Laurence Chable, Maguy Marin et Olivier Neveux.
Célestins, Théâtre de Lyon
Laurence Chable a co-fondé au Mans en 1977 le Théâtre du Radeau, que François Tanguy rejoint en 1982. Elle joue dans toutes ses créations.
Maguy Marin s’est imposée comme l’une des artistes majeures de la danse contemporaine française et internationale.
Olivier Neveux est professeur d’histoire et d’esthétique du théâtre à l’ENS de Lyon et rédacteur en chef de la revue trimestrielle Théâtre/Public. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages qui interrogent les rapports, passés et actuels, entre théâtre et politique
La rencontre sera suivie de la diffusion du film Les oiseaux et les cloches, de Léo Boisson, à 20h aux Célestins.
Célestins, Théâtre de Lyon, Place des Célestins 69002 Lyon
entrée libre (ouverture des réservations le 13 mai sur le site des Célestins) · durée 1h
26 mai à 20h → Cinéma « Les oiseaux et les cloches » de Léo Boisson
Célestins, Théâtre de Lyon
En 2021, François Tanguy commence la création de sa dernière pièce, «Par autan», avec le Théâtre du Radeau. Léo Boisson a documenté ces neuf mois de répétition, et raconte les moments de recherche, d’errance et de découvertes qui ont abouti à un spectacle unique.
Un film de Léo Boisson – France, 2025, documentaire
auteur et réalisateur Léo Boisson images et son Léo Boisson montage Giuliano Papacchioli et Léo Boisson étalonnage Léo Boisson et Michel Esquirol musique originale Roboy mixage Léo Boisson et Pierrick Pedron gravures des titres Marion Salle producteur Farid Rezkallah production 24 IMAGES, Le Mans Télévision, Théâtre du Radeau avec la participation du Centre National du Cinéma et de l’image animée avec Frode Bjornstad, Samuel Boré, Laurence Chable, Martine Dupé, Erik Gerken, Vincent Joly, Anaïs Müller, François Tanguy
Célestins, Théâtre de Lyon, Place des Célestins 69002 Lyon
entrée libre (ouverture des réservations le 13 mai) · durée 1h47
13 juin > 15 juin 2025 → Création sonore « tresse »
RAMDAM, UN CENTRE D’ART
Tresse est un assemblage de montages, micro-montages, enregistrements, musiques issues des pièces du Théâtre du Radeau, de Mystère Bouffe à Passim.
Vous pourrez le découvrir depuis le site du Théâtre du Radeau. Une écoute au casque est conseillée.
Diffusion de Tresse dans le cadre de l’exposition des dessins de François Tanguy, à RAMDAM, UN CENTRE D’ART.
Réalisation Eric Goudard et Alain Mahé assemblage final Alain Mahé
RAMDAM, UN CENTRE D’ART
16 chemin des santons, 69110 Sainte Foy-lès Lyon
ve 13, sa 14 et di 15 juin, 2h avant et 2h après les représentations d’Item
en entrée libre sans réservation · durée 51 min
13 et 14 juin à 20h et 15 juin à 15h → « item », Théâtre du Radeau
RAMDAM, UN CENTRE D’ART
Comme les marins, nous sommes de ceux qui doivent transformer leur bateau en pleine mer sans jamais pouvoir le démonter en cale sèche et le remonter avec de meilleurs morceaux… …La voile colorée et puissamment gonflée se prend pour la cause du mouvement du bateau alors qu’elle ne fait que capter le vent qui à tout instant peut tourner ou retomber… Hans Blumenberg – Naufrage avec spectateur Edition L’Arche – Traduction Laurent Cassagnau
[…] C’est un théâtre qui parle du théâtre, avec les moyens du théâtre : ce n’est pas un théâtre de concepts ou de notions, Tanguy et le Radeau ne sont pas philosophes, même si, au bout, il y a sans doute une question posée et une réponse proposée à la vérité de quelque chose, une vérité du théâtre et non de théâtre. De même, ce n’est pas un théâtre politique, bien qu’il y ait un engagement de ce théâtre face à ce qui lui est public, à ce qu’il partage en commun avec tant d’autres. Ces données, philosophie et politique, investissent par en dessous ce théâtre dans des agencements qui emportent ses matières vers des devenirs imprévus. C’est un théâtre où les planches jouent un rôle déterminant, les coulisses, les lumières, les sons, décomposés en paroles, en musique, recomposés un instant en quelque chose qui doit être de l’ordre du sens et de la sensation. C’est un théâtre de bois et d’acteurs qui aboutissent à ce que Tanguy appelle la contemporanéité : cela signifie sans doute dire son mot dans le débat autour de la représentation, la faire – sans en être le représentant – non pas à l’écart, mais au cœur même des affaires du théâtre. C’est déjà plein de théâtre, avec des fables parfois douloureuses et mélancoliques, parfois drôles et grotesques ; parfois l’un et l’autre mélangés en un motif – qui n’est pas seul et qui n’est pas le même.
Souvent, le théâtre, c’est la nuit. Souvent, c’est profondément beau. Il est difficile d’expliquer la beauté profonde de quelque chose, nous avons peut-être trop pris l’habitude des surfaces, plus faciles à arpenter. Il y a une profondeur qui est tapie dans la nuit du théâtre de Tanguy et du Radeau, c’est une profondeur enthousiaste et légère. La profondeur de la beauté nécessaire, face à l’éternelle grimace de l’histoire. […] En se posant, en étant posé, le décor pose, à travers la série des ressemblances, une question d’individualisation, de spécificité ; en effet, la question n’est pas de ressembler à quelque chose de proche ou de déjà connu – puisque, après tout, on finit inévitablement par ressembler à quelque chose -, mais de ressembler à quelque chose de soi, qui est singulièrement à soi, même si, à partir de là, cela peut finir par ressembler à quelque chose d’autre que ce soi-là. Or, la singularité du décor tient d’abord en ce qu’il ne se présente pas comme une fonction déterminée à l’intérieur de laquelle va se dérouler une action, mais comme l’endroit de ce que Tanguy appelle « le saisissement de l’avoir-lieu » ; […] Baroque ? Peut-être, en ce que cela joue sur des compositions inachevées, mais tenues bout à bout dans une contiguïté de l’une à l’autre – et non dans une continuité dont il faudrait alors recréer le sens -, une contiguïté qui devient la seule possibilité de dire par suggestions suggérées, de retrouver les images qui peuplent le fond des solitudes, de les relancer dans notre présent, de les répéter, redotées d’une vitalité qu’elles avaient perdue. Il n’y a pas de maniérisme : c’est sans doute du savoir transformé gaiement sous nos yeux en forces, en puissances créatrices, en signes du théâtre, où tout ce qui est posé se déchaîne, et dont les acteurs en jeu deviennent la clé de lecture et de vision, par leurs gestes qui, seuls, signifient l’ensemble des différences et saisissent la matière du temps qu’ils fractionnent pour lui restituer une autre épaisseur. […] L’acteur du Radeau ne joue pas des rôles ; peut-être est-il dans des situations, encore que ce soient des situations définies par un « fond », un « territoire » où aboutissent, en se croisant, regrets, polémiques, nostalgies, procédures, désirs et éclats que la musique, redéfinissant le temps de leur espace, relance en évasions, en échappées, en fuites d’un réel situé tout autant dans des points de l’esprit, dont les données sont des propriétés purement physiques, que dans des points du corps. […] S’il y a une valeur politique dans le théâtre de Tanguy, elle est bien là, dans cette fonction noétique puissante qui crée et met en scène, non pas des démonstrations, mais, ponctuellement, des lieux de transition et d’intersection où l’on échange de la connaissance, c’est-à-dire « une expérience absolument singulière et nécessairement en commun » (Tanguy). Une connaissance apparemment sans friction car elle s’est épurée de tout ce qu’elle savait pour ne plus répéter, désormais, au théâtre, que sa mise en forme. […]
François Tanguy et Le Radeau (Articles et études) Jean-Paul Manganaro / éditions P.O.L.
RÉSERVATION EN LIGNE NÉCESSAIRE – ouverture le 14 avril
tarif plein 15€ (salarié·e·s permanent·e·s et intermittent·e·s)
tarif réduit 10€ (demandeur·se·s d’emploi et étudiant·e·s, minimas sociaux)
possibilité de réserver un repas lors de la réservation – ouverture de la buvette dès 18h30 et 13h30 dimanche
RAMDAM, UN CENTRE D’ART
16 chemin des santons, 69110 Sainte Foy-lès Lyon · durée 1h30
Mise en scène, scénographie François Tanguy élaboration sonore Éric Goudard et François Tanguy lumières François Fauvel, Julienne Rochereau, François Tanguy avec Frode Bjørnstad, Laurence Chable, Martine Dupé, Erik Gerken, Vincent Joly régie générale François Fauvel régie lumière François Fauvel, Julienne Rochereau régie son Éric Goudard, Emmanuel Six production / diffusion Geneviève de Vroeg-Bussière.
Production Théâtre du Radeau ; Le Mans coproduction MC2 Grenoble / T2G -Théâtre de Gennevilliers, Centre dramatique national / Festival d’Automne ; Paris / TNS -Théâtre national de Strasbourg / Centre dramatique national de Besançon Franche-Comté / Les Quinconces-L’espal, scène nationale du Mans coproduction de la reprise Théâtre Garonne, scène européenne ; Toulouse / Festival d’Automne ; Paris ; Les Quinconces et L’Espal, Scène nationale du Mans
entour → en entrée libre
> au Théâtre Nouvelle Génération – Centre Dramatique National – Lyon 9
– tout au long du mois de mai jusque mi-juin, diffusion de l’entretien de François Tanguy Fonder un monde à la dérive et exposition de quelques photos du Théâtre du Radeau par Didier Grappe
> aux Célestins, Théâtre de Lyon – Lyon 2
– lu 26 mai, 18h30, Les gestes du Radeau – Laurence Chable, Maguy Marin et Olivier Neveux. Conversation
– lu 26 mai, 20h, diffusion du film Les oiseaux et les cloches, de Léo Boisson
> RAMDAM, UN CENTRE D’ART – Saint-Foy-Lès-Lyon
– ve 13 au di 15 juin, expositions des dessins de François Tanguy
– ve 13 au di 15 juin, diffusion de Tresse, œuvre sonore à partir de répétitions du Radeau
– ve 13 au di 15 juin, librairie autour du travail du Théâtre du Radeau
Photo © Jean-Pierre Estournet
mai
mar 06
13:00juin
ven 13
16:00Tarifs
Gratuit