Auréliens

Se saisissant du propos de l’astrophysicien français Aurélien Barrau, François Gremaud le porte au plateau dans un seul en scène. Cela donne Auréliens, spectacle dont la modestie n’obère pas l’efficacité. Une création qui interpelle autant par la puissance de son propos que par son intelligence sensible.

D’abord, il y a une conférence. Donnée par Aurélien Barrau en octobre 2019 à l’Université de Lausanne, elle porte sur ce que ce dernier désigne comme « le plus grand défi de l’histoire de l’humanité » : la catastrophe écologique en cours. Au printemps 2022, le rapport du GIEC* a confirmé l’urgence climatique en donnant trois ans à l’humanité pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre. Puis, il y a un spectacle. Reprenant l’intervention du scientifique, François Gremaud la confie à l’acteur Aurélien Patouillard. D’un Aurélien à l’autre, le propos reste inchangé : après l’évocation des chiffres – rappelant l’extermination massive des espèces en cours – et la liste des causes et mécanismes de destruction à l’oeuvre, le discours évoque des pistes d’action. Mais d’un Aurélien à l’autre, c’est toute la puissance du théâtre qui se déploie : avec son jeu direct et spontané, son allure parfois enfantine, son insolence salvatrice, le comédien déplace le discours de Barrau. Il lui donne par une sensibilité subtile une autre ampleur et nous rappelle que ces questions, loin d’être seulement l’affaire des spécialistes, nous concernent tous.

* Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat