Sirène 2428

Dans le futur, les Terriens survivants auront fusionné leur ADN avec celui d’espèces animales disparues, pour une ultime tentative de sauvetage du patrimoine vivant de la planète. Mais les humains d’aujourd’hui sont-ils prêts à aimer les femmes-poissons de demain ?

« Vous souhaitez vous faire greffer une barbe avec trompe, parlez-moi de ce projet », demande le percepteur des greffes et métamorphoses à Camille, membre de l’espèce humaine, déjà en symbiose avec un papillon monarque. Ça, les militants de la Communauté du Compost, en 2028, ne l’avaient sans doute pas envisagé dans leurs plans pour diminuer drastiquement leur empreinte écologique. Mais quatre siècles plus tard, l’humanité aura bien intégré l’idée de fusionner son ADN avec les espèces animales en voie d’extinction. Telle Ariel, mi-femme mi-cabillaud, portant sa queue de poisson sur un fauteuil roulant. Une sirène du futur qui tente de se faire comprendre d’un Wilfried paumé, qui n’a rien du prince charmant des contes… Prolongeant le récit de Vivre avec le trouble de la philosophe Donna Haraway, Adèle Gascuel triture en tous sens le thème de l’hybridation entre hommes, femmes, animaux, mécanique et cybernétique. Elle questionne notre propre regard sur l’identité, le corps ou le handicap, dans un monde contraint à évoluer pour ne pas disparaître. Le tout dans un univers de science-fiction loin d’être aseptisé, plein d’humour étrange et d’une singulière poésie.